Webinaire 9

Présentation du wébinaire : Comment la blockchain peut transformer la numérisation financière de l’Afrique ?

ACADÉMIE DE LA BEI POUR LA BANQUE ET LA MICROFINANCE POUR LES PME EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE

SÉRIE DE WEBINAIRES

 Thème 9 : Comment la blockchain peut transformer la numérisation financière de l’Afrique

Le neuvième d’une série de 10 webinaires organisés par l’Académie de la BEI dédiée aux banques et à la microfinance en Afrique de l’Ouest et du Centre, en partenariat avec Making Finance Work for Africa (MFW4A), s’est tenu le 20 octobre 2022. Il avait pour thème « Comment la blockchain peut transformer la numérisation financière de l’Afrique»

Ce webinaire a drainé une audience de 241 participants, qui ont démontré tout l’intérêt qu’ils portaient à ce thème important à travers des questions très pertinentes. D’entrée de jeu, Hughes Kamewe Tsafack de MFW4A a situé l’enjeu du débat et comment la transformation digitale  qui s’opère sur le continent impacte l’économie et la société dans son ensemble. Dans ce sens, la blockchain a le potentiel de faciliter le financement du commerce en éliminant les processus papier et en réduisant la fraude et le coût des transactions. Après le mot d’ouverture par Bernard Koissy du cabinet de conseil IPC GmbH, la modératrice, Nishika Bajaj, rédactrice en chef adjoint de PlatformAfrica.com a introduit chaque panéliste.

Le premier intervenant Blaise Bayuo, spécialiste de la blockchain, et co-fondateur de Yensesa au Ghana, une entreprise active dans la construction d’une infrastructure et d’une communauté de blockchain, est intervenu sur l’évolution de la blockchain avec l’introduction des monnaies numériques des banques centrales à travers l’Afrique et le développement de bacs à sable par la plupart des gouvernements. Pour Blaise Bayuo, c’est un signal d’alarme pour le secteur financier. L’intervenant est allé plus loin, pour expliquer comment la blockchain renforce l’efficacité opérationnelle des PME qui sont ainsi mieux gérées et génèrent des revenus inimaginables. Pour ce qui concerne les institutions financières, la blockchain améliore l’expérience de l’utilisateur final et réduit les risques dans les opérations commerciales. Enfin, elle entraîne une inclusion financière au-delà des marchés locaux. Entre juillet 2020 et juin 2021, les Africains ont reçu $105.6 milliards de dollars (USD) de paiements blockchain, soit une augmentation de 1 200 % en glissement annuel. Malheureusement, les institutions financières africaines n’étaient pas directement impliquées dans le traitement de ces paiements. Ce qui constitue une grosse opportunité d’affaire manquée.  On remarque de plus en plus l’utilisation croissante des solutions blockchain pour les paiements. Cette nouvelle technologie apporte aux institutions financières la sécurité et la transparence qui sont des facteurs clés ainsi que la capacité de programmer, de créer et d’exécuter des contrats intelligents basés sur une logique programmée. Du point de vue commercial, la blockchain permet la confidentialité des données, et l’automatisation des processus métier, le développement de nouveaux produits et la conquête de marchés par les transferts d’actifs sécurisés, évolutifs et rapides. Par ailleurs, les processus automatisés qui sont plus efficaces entraînent des coûts d’infrastructure, des coûts d’exploitation et des coûts de transaction. Pour en revenir aux entreprises, au moins 44 millions de MPME formelles, dont 51 %, ont besoin de plus de financement qu’elles ne peuvent accéder pour développer leurs entreprises. La blockchain facilite l’accès à plus de liquidités grâce à des processus et des actifs rationalisés, des cotes de crédit élevées et des marchés de capitaux élargis. Enfin, Elle favorise aussi l’entrée sur des nouveaux marchés grâce à une participation accrue au commerce international et à la production mondiale. La croissance des revenus due à l’expansion des marchés et à la liquidité peut aider les entreprises à croître et à mûrir davantage.

Le second intervenant, Dramane Meite, expert en crypto, actifs numériques et Fintech, est le chef de produits de Hashdex, une entreprise basée aux États-Unis, pionnière mondiale de la gestion des actifs cryptographiques a démontré comment la technologie blockchain peut perturber les services financiers.  En effet, les monnaies digitales des banques centrales (dont l’acronyme en anglais est CBDC) sont des actifs numériques, soutenus et contrôlés par les banques centrales. Elles sont programmables et peuvent être échangées entre pairs sans intermédiaires.  Les monnaies digitales des banques centrales visent aussi la réduction des coûts d’intermédiation et le renforcement de la sécurité des échanges, le remplacement des espèces en développant une société sans cash, la lutte contre le blanchiment d’argent et la corruption, et le maintien de la souveraineté des nations face aux crypto-monnaies privées. Les CBDC de détail pourraient changer la donne. Il s’agit d’une monnaie digitale destinée au grand public (particuliers, entreprises et intermédiaires financiers), accessible à travers des portefeuilles électroniques rattachés à des comptes bancaires qui sont directement tenus par une banque centrale. La monnaie digitale de banque centrale « de détail » serait vue comme un instrument d’inclusion bancaire. Leur introduction pourrait avoir des conséquences profondes sur le secteur financier et particulièrement sur le système bancaire mondial. Si les CBDDC présentent des opportunités en termes d’amélioration de systèmes de paiement pour les entreprises, elles peuvent aussi faire peser certains risques en termes de rentabilité, de solvabilité et de liquidité sur les banques. Les crypto monnaies stables sont axées sur le secteur privé, avec un ensemble d’opportunités potentiellement plus large. Elles sont transférables instantanément 24/7/365 à travers le monde. La technologie blockchain crée de nouvelles expériences pour les paiements internationaux. Ripple, Stellar et Celo sont toutes des blockchain axées sur les envois de fonds. Une nouvelle pile, sans messages Swift ni banques correspondantes, est possible aujourd’hui. L’infrastructure de paiement basée sur la blockchain mûrit rapidement, mais des défis subsistent. Par ailleurs, la technologie blockchain perturbe la collecte de fonds et les marchés des capitaux avec l’ICO et la tokénisation. L’ICO est l’offre initiale de pièces de monnaie qui est l’équivalent en crypto-monnaie d’une introduction en bourse.  Elle permet d’exploiter la base de capital mondiale et de créer un écosystème de parties prenantes/utilisateurs. La tokénisation apporte des capacités de blockchain aux marchés de capitaux. La tokenisation offre une liquidité accrue, des coûts réduits et un règlement plus rapide. En outre, l’écosystème DeFi (Finance Décentralisée) offre d’innombrables applications décentralisées capables d’effectuer des opérations, et qui permettent aux utilisateurs de gérer leurs actifs numériques, quel que soit leur emplacement ou leur statut. 

Le troisième et dernier intervenant, Jamelino Akogbeto est spécialiste des services financiers numériques et des systèmes de paiement, et directeur régional Afrique de l’Ouest et du Centre de AfricaNenda. Il est intervenu sur la perspective de l’utilisation de la blockchain pour les paiements. La blockchain présente un intérêt aujourd’hui car cette technologie vient combler un écart dans le domaine du paiement pour plusieurs raisons. D’abord à cause de la quasi inexistence de systèmes de paiements instantanés et inclusifs sur le contient, ensuite le modèle économique n’est pas convaincant et viable, et la règlementation ne permet pas de transactions transfrontalières. Celles-ci sont parfois très régulées et dans certains cas pas autorisées. Enfin, la fraude, le manque d’alphabétisation numérique, et le fait que les plateformes ne soient pas ouvertes aux Fintechs par exemple. En tant que technologie innovante de stockage et de transmission d’informations, la blockchain amplifie la rapidité des transactions (en éliminant les barrières), la sécurisation et la traçabilité (en cryptant les informations contenues dans les transactions), et la décentralisation (par l’élimination de certaines contraintes règlementaires). La blockchain sert donc de levier aux crypto monnaies qui vont apporter des alternatives fortes aux canaux habituels de paiement. Les PME peuvent utiliser la blockchain pour éliminer certaines contraintes (géographiques ou liées aux coûts, etc.), améliorer le dispositif d’acquisition (chaines des valeurs) par un meilleur suivi et la traçabilité, et supprimer les barrières qui rendaient le processus d’approvisionnement trop long. Les « smarts contracts » vont également aider les PME qui réussiront à lever un certain nombre de clauses contractuelles. En regardant les statistiques, on se rend compte que l’adoption de la blockchain reste encore faible en Afrique, mais les perspectives en développement sont en cours. Par exemple, les startups ont levé 304 millions de dollars (USD) en 2022 contre 117 millions en 2021. Alors que l’acceptation des paiements en crypto monnaies par les marchands est massive dans les pays du Nord avec un taux de 93%, elle est encore timide en Afrique avec un taux seulement de seulement 7 % pour le Nigéria, le Ghana et l’Afrique du Sud combinés.

Après une séance d’échanges avec les participants, les panélistes ont partagé quelques messages de conclusion, soulignant les perspectives d’avenir de la blockchain en Afrique et son impact positif sur l’accès au financement des PME.

Le webinaire s’est conclu sur cette note.   Pour plus d’informations sur le programme d’assistance technique de la BEI pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale, visitez notre site : www.msmefinanceta.eu et abonnez-vous à notre page LinkedIn https://www.linkedin.com/company/eib-technical-assistance-programme-west-and-central-africa