Webinaire 8

Présentation du wébinaire : La sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest et du Centre et la nécessité de renforcer le financement des chaînes de valeurs

ACADÉMIE DE LA BEI POUR LA BANQUE ET LA MICROFINANCE POUR LES PME EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE

SÉRIE DE WEBINAIRES

 Thème 8 : La sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest et du Centre et la nécessité de renforcer le financement des chaînes de valeurs

25 mai 2022, 13h00 GMT (Abidjan) / 14h00 (Cotonou, Douala, Kinshasa)/ 15h00 (Paris, Francfort,Lusaka, Harare, Johannesburg) / 16h00 (Addis-Abeba, Nairobi)

Le huitième d’une série de webinaires organisés par l’Académie de la BEI dédiée aux banques spécialisées dans le financement des PME et à la microfinance en Afrique de l’Ouest et du Centre, en partenariat avec Making Finance Work for Africa (MFW4A), s’est tenu le 25 mai dernier. Il avait pour thème « La sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest et du Centre et la nécessité de renforcer le financement des chaînes de valeurs »

Ce webinaire a drainé une audience de 128 participants, qui ont démontré tout l’intérêt qu’ils portaient à ce thème important à travers des questions très pertinentes. D’entrée de jeu, Hughes Kamewe Tsafack de MFW4A a situé l’enjeu du débat et l’importance de la sécurité alimentaire compte tenu de la pression démographique dans cette partie du continent. Après le mot d’ouverture par Nikos Milianitis, chef de la représentation régionale de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) pour l’Afrique Centrale, la modératrice, Lydie Johnson du consortium IPC, Horus Development Finance, et IECD a introduit chaque panéliste.

La première intervenante Solène Prince Agbodjan, spécialiste du financement agricole, et gestionnaire du portefeuille de crédit d’Injaro Investments & du Fonds Agri-Business-Capital (ABC) est intervenue sur la réduction des risques liés aux prêts agricoles et l’élargissement des opportunités de financement pour l’agriculture. Elle a mis l’accent sur la perception des risques que les banques ont vis-à-vis des PME agricoles. Il s’agit de facteurs internes ou externes comme le manque d’historique opérationnel, la faible productivité des entreprises, le manque de garanties ou leur faible valeur, et la connaissance limitée des marchés internationaux. Malgré ces difficultés, le financement des entreprises agricoles n’est pas impossible à condition de se concentrer sur les performances opérationnelles plutôt que financières. Elle préconise donc aux banquiers de procéder à une évaluation correcte des risques liés aux transactions, et de bien comprendre les règles et règlementations du marché et enfin de structurer des prêts adaptés aux réalités des entreprises agricoles. Madame Prince Agbodjan a terminé sa présentation en suggérant l’utilisation de certains outils visant à réduire les risques liés aux entreprises agricoles comme le renforcement de capacité des entreprises, la mise en place de systèmes de garanties tierces comme celles offertes par l’AGF ou l’USAID, ou encore la souscription à une couverture d’assurance agricole.

Le second intervenant, Francis Osei, spécialiste du financement de l’agro-alimentaire et gestionnaire de fonds adjoint, chargé des opérations, de l’Outgrower and Value Chain Fund (OVCF) du Ghana est allé plus en profondeur dans l’évaluation et la gestion des risques agricoles. Il a ainsi indiqué que dans le cadre du développement des chaînes de valeurs agricoles et de leur financement, l’approche systématique adoptée par le fonds OVCF est que toute demande de crédit d’un emprunteur et de son partenaire agriculteur sous-traitant soit examinée dans le cadre d’une approche de chaînes de valeurs. Donc, des questions typiques comme celles sur les différents acteurs de la filière, sur la récolte en question, sur la partie prenante pilote de la chaîne, ou celle qui en constitue le maillon faible sont posées. Toute institution financière désirant financer le secteur agricole doit savoir si un marché pour l’enlèvement de la récolte existe sous forme d’un contrat. Elle doit connaitre la zone agro-écologique dans laquelle la production a lieu ou encore les différentes cultures et les différentes variétés pour une culture donnée, adaptées à cette zone.  Il est tout aussi important de tenir compte des autres risques liés à l’agriculture comme les risques techniques, les risques de marché, les risques environnementaux et de durabilité, les risques financiers, ou encore les risques juridiques. Leur évaluation doit être basée sur la méthodologie des 5 C du crédit qui consiste à l’examen des garanties, des conditions, du capital, du caractère de l’emprunteur et de sa capacité de remboursement. En termes de catégories de risques, il est primordial pour toute institution financière de bien comprendre par exemple l’effet des changements climatiques, les risques agronomiques, l’impact des ravageurs, le coût d’emprunt, le prix de vente de la récolte, l’effet des importations sur la concurrence, ou encore la force exécutoire des contrats. Francis Osei a conclu en rappelant que l’objectif de tout financement agricole doit être de garantir une méthodologie de prêts appropriée et de s’assurer que le type d’instrument de financement est adapté à l’objectif de financement.

Djedje Kungula Makoso, spécialiste du financement agricole et responsable de l’unité agro-business d’Equity  Banque Commerciale du Congo (BCDC) a présenté les mécanismes de financement de la filière agricole, notamment en partageant son expérience au sein d’Equity BCDC. Il a tout d’abord  rappelé la diversité des acteurs de la filière agricole et la pléiade de structures existantes à l’instar des exploitants agricoles, des fournisseurs, des distributeurs d’intrants, des entreprises de transformation, des transporteurs ou des services connexes. L’approche commerciale des institutions financières va donc être déterminante pour concevoir des mécanismes de financement agricole adaptés selon qu’il s’agisse d’une clientèle constituée d’entreprises individuelles ou de regroupements, coopératives et autres organisations paysannes. D’autres éléments indispensables pour se positionner sur ce marché  sont l’expertise technique, la facilité d’accès aux agriculteurs dispersés, la gamme de produits et services dédiés, et les outils de gestion adaptés sans oublier le renforcement de capacité de la clientèle agro-business qui peut s’avérer avantageux par la suite. Equity BCDC se sert en particulier de deux mécanismes de financement pour atteindre cette clientèle agricole. En premier lieu, elle utilise un crédit aux producteurs via un contrat avec une entreprise fédératrice ou chef de file solide (Crédit Agro Lisanga) et en second lieu, un crédit de soudure aux producteurs via des coopératives agricoles (Crédit Coopérative). Les destinataires de ces produits sont des agriculteurs (producteurs de petite et moyenne taille) membres d’un regroupement ou d’une coopérative sous contrat, des coopératives agricoles/GIE avec accès aux marchés et garanties, et enfin des MPME agricoles ayant un marché d’écoulement sûr ou un contrat avec une agro-industrie. Pour terminer, l’intervenant a mis en exergue les avantages de ces mécanismes parmi lesquels, la possibilité d’octroyer de petits montants de crédit, l’allègement du poids des garanties matérielles sur l’agriculteur individuel, et l’existence d’une possibilité de rembourser en nature.  La réduction du coût du crédit pour l’agriculteur est aussi un bénéfice.

Après une séance d’échanges avec les participants, les panélistes ont partagé quelques messages de conclusion, soulignant l’importance d’assurer la sécurité alimentaire de l’Afrique en renforçant le développement des chaînes de valeur et en facilitant davantage l’accès des acteurs au financement.

Le webinaire s’est conclu sur cette note.